Le collectif de musiciens maliens issu du camp de réfugiés M’berra collabore avec le producteur électro italien Khalab le temps d’un album.
Le M’berra Ensemble correspond à une communauté de musiciens portant le même nom que leur camp de réfugiés, à la frontière du Mali, accueillant environ 50 000 personnes. Ce collectif est constitué par plusieurs membres arabes et touaregs, utilisant la musique comme un outil de solidarité. Ainsi, plusieurs musiciens de différents groupes se sont réunis, tels que le chanteur et guitariste Hamma Ag Awaissoune, menant le groupe touareg Taflist, mais aussi le guitariste Mohamed Issa Ag Oumar, faisant partie du groupe Imarhan Timbuktu. Quant à Aliou Ould Mohamed, vivant à Lernab, il affirme : « Nous sommes fatigués de jouer d’autres styles. Je sais comment m’y prendre, mais je préfère jouer l’Azawadien. » Elhaj Al Mohamed, du groupe Tadjazt, demeure également très attaché à la guitare traditionnelle, la tehardant en tamasheq.
L’objectif de cette collaboration musicale est de restaurer la dignité de ces musiciens, tout en préservant leur identité. Tinalbaraka Walet Alhassane explique ainsi : « L’imzad (le violon) fait partie de l’Histoire de Kel-Tamasheq. Lorsque les femmes le jouent, l’objectif est d’apporter de la joie et du confort à leurs hommes. » Cet album vise donc à soulager les personnes déplacées et traumatisées, en permettant de soutenir les projets humanitaires d’Intersos, organisation italienne d’aide humanitaire, travaillant dans le monde entier afin d’aider les victimes de conflits armés. Cette organisation a d’ailleurs invité le producteur italien Khalab, qui a visité le camp de M’berra, en 2017. Il insiste sur l’importance de cet album, laissant place aux réflexions des réfugiés, dans toute leur diversité : « Il n’y a pas qu’une seule histoire à raconter ici. »
Cet artiste est notamment connu pour sa fusion de mélodies africaines traditionnelles, de musique électronique et de jazz. Tout au long de sa carrière de DJ, il n’a cessé de promouvoir les cultures africaines, qu’il permettait de diffuser sur le réseau national italien Rai Radio 2. Il a également collaboré avec le percussionniste malien Baba Sissoko, mais aussi avec Shabaka Hutchings ou encore Moses Boyd, désormais incontournables sur la nouvelle scène de jazz. Passionné d’Histoire, Khalab a utilisé les archives du Musée royal de l’Afrique centrale de Bruxelles pour son album Black Noise 2084, sorti en 2018. Pour M’bara, Khalab a été accompagné par l’ethnologue Barbara Fiore, afin de mieux saisir les traditions touaregs. Plusieurs musiciens italiens sont également présents au sein de ce nouveau projet, à l’instar du guitariste Adriano Viterbini et du batteur Tommaso Cappellato.
Véritable pont entre le passé et le présent, l’édition vinyle de cet album est accompagnée par les photos des musiciens du camp de M’berra, prises par le photographe français Jean-Marc Caimi, ayant également visité ce lieu en 2017.
Précommandez l’album M’berra avant sa sortie le 23 avril via Real World Records.